Tatoueur à Angoulême, l'auteur s'appuie sur des documents variés, allant des gravures préhistoriques aux momies, en passant par les vases grecs, pour explorer et comparer les formes traditionnelles du tatouage. ©Electre 2025

En 2010, j'ai créé ma maison d'édition à cause d'Aurélien Vallade. Nous vivions dans la même ville, j'avais eu la chance de pouvoir regarder ses carnets de recherches de tatouages dans son atelier, et je trouvais trop dommage qu'elles ne puissent pas être montrées et partagées de façon plus large, dans des livres par exemple. Je n'avais aucune connaissance du monde du tatouage, mais j'étais fasciné par ses dessins, leur inventivité insatiable, leur humour, leur trait parfois sur, parfois explorant des fragilités tout aussi séduisantes.

En travaillant et échangeant avec aurélien, j'ai également compris que sa vision de tatoueur ne s'inscrivait pas dans une mode mais dans une longue tradition, mondiale, faite de respect pour les formes passées, d'apprentissage des savoir-faire, de soin, d'attention à l'autre, de curiosité. Loin de centaines de tatoueurs qui reproduisent les mêmes motifs sans se soucier outre mesure de leur provenance.

Nous avons fabriqué cinq ouvrages ensemble, qui ont permis de montrer son travail de créateur. Pour ce nouveau livre, je l'ai poussé à partager un autre aspect de ses réflexions et de ses recherches. Il a donc extrait de ses montagnes de documentation un groupe de personnes réelles ou extrapolées, qui portent comme beaucoup d'entre nous des traces d'encre sur le corps.

Cet essai nous fait suivre son chemin de pensée, sur l'usage du marquage corporel, sur les formes les plus anciennes qu'il décèle, et sur leurs circulations. Son dessin se veut ici plus modeste, un instrument pour ramener à la vie des momies, des photographies, des gravures... Il sort des corps hors des poussières du passé et les met en résonance. Leurs rencontres se font au-delà des époques, des pays et des traditions, elles démontrent encore une fois que les humains sont globalement les mêmes, partout, tout le temps. C'est pour ça que j'ai choisi de les montrer d'abord ensemble, sans chronologie, avant leur légende.