Un coup de coeur de Marilou M.
Dans la lignée de Michelle Perrot et Simone de Beauvoir, Claire Alet tente de déterminer l’origine du patriarcat et de ce que Françoise Héritier nomme la “valence différentielle des sexes”.
Nos sociétés humaines ont-elles toujours vécu sous le joug de la domination masculine ? Quel lien peut-on établir entre l’agriculture et le patriarcat ?
La première moitié du livre s’intéresse aux modes de vie des populations du Paléolithique, Mésolithique et Néolithique, analysant les objets datant de ces périodes découverts par les archéologues, ainsi que leurs premières interprétations datant d’un XIXe siècle au sommet de sa misogynie.
Au cours de ses recherches, la journaliste observe un changement des mœurs, bien que le paradigme patriarcal demeure.
Un bon dans le temps, et nous voilà au XXème siècle, au cœur des fondations de la loi Veil dans les années 1970. Le procès Bobigny touche à ce que la domination masculine cherche à posséder : la capacité reproductive du corps des femmes.
La faculté du corps féminin à porter un enfant a engendré un désir de possession chez l’homme, ainsi comme l’écrivait Napoléon dans une lettre de 1795, “La femme est donnée à l'homme pour qu'elle fasse des enfants. Elle est donc sa propriété comme l'arbre à fruits est celle du jardinier”. En 1804, le Code Napoléon place la femme sous la tutelle de son mari.
Ce lien établi par l’autrice entre l’histoire ancienne, le XIXème siècle et les années 1970 n’est pas sans raison, puisque tout comme aux prémices de la société patriarcale, l’enjeu reproductif est au centre des préoccupations.
Cet essai regorge d’exemples et de sources, tout en incorporant des éléments biographiques qui le rendent encore plus palpable. L’écriture concise et limpide de Claire Alet rend l’expérience de lecture agréable, et son ton mordant y ajoute une touche de légèreté.
Le savoir est une arme, et Claire Alet nous partage le sien avec une pertinence mordante. À lire !