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Un coup de coeur de Xavier
Que reste-t-il de nos rêves d'exploration spatiale ?
"Un petit pas pour l'homme, un bond de géant pour l'humanité".
Et la frénésie de la conquête spatiale sembla soudainement s'arrêter. Cet exploit de l'atterrissage sur la lune en 1969, suivi dans le monde entier, aurait dû être le coup d'envoi de tous les possibles en ce qui concerne l'exploration de l'espace. Mais ce grand moment populaire, pensé comme un symbole unificateur de l'humanité, fut suivi de plusieurs décennies beaucoup moins retentissantes dans les esprits. Pourtant, comme nous l'apprend Xavier Pasco dans son dernier essai "La ruée vers l'espace : nouveaux enjeux géopolitiques" aux éditions Tallandier, voici venu le temps d'une réactivation en apparence inattendue d'un intérêt pour l'espace. Une nouvelle course qui se joue au-dessus de nos têtes est lancée, reflet de situations et de tensions géopolitiques au sol.
Ainsi des centaines de lancements de satellites ont lieu par an dans le monde et on recensait en 2023 environ 7300 satellites actifs, contre près de 10 000 aujourd'hui (un chiffre qui, à une époque, aurait pu sembler lunaire). Ces appareils assurent le fonctionnement des systèmes de type GPS, l'observation du climat, les télécommunications et, de plus en plus, la sécurité au sens militaire. Pouvoir repérer des mouvements suspects, fournir un appui au sol et détruire les satellites d'autres puissances représentent autant d'enjeux auxquels certains pays se sont engagés. L'auteur nous montre ainsi en détail les ambitions de plusieurs puissances : Etats-Unis, Russie, Chine, Inde, ainsi que l'avenir possible de l'Europe dans une telle configuration. S'ajoute à tout cela la perspective de revenir se poser sur la Lune, cette fois pour en extraire des ressources jugées utiles au développement industriel, ce qui entraîne des questions d'appropriation des ressources et de cohabitation.
Si l'exploration scientifique reste un objectif de fond, l'auteur nous rappelle que viser le ciel étoilé a aussi toujours servi, depuis la Guerre Froide, à affirmer un symbole de puissance des Etats. Or, il faut aujourd'hui compter avec l'émergence d'acteurs privés, parmi lesquels la constellation de satellites Starlink pilotée par Elon Musk. Extrêmement actifs, ces satellites ont été mis à l'épreuve dans des conditions militaires lors de la guerre en Ukraine, ce qui a suscité les réactions parfois vives des acteurs internationaux. Cependant, la rentabilité économique de telles opérations pour les entreprises n'est pas si évidente. Les Etats, qui restent des clients de choix, doivent donc composer avec ces nouveaux acteurs, redéfinissant une fois de plus les contours de rapports de force en mutation.
Que reste-t-il des rêves d'exploration ? L'idéal de paix entre les nations, mis en avant par des initiatives comme la Station Spatiale Internationale (ISS) existe-t-il encore ? Xavier Pasco répond dans une écriture claire et mesurée qu'il convient de s'arrêter, suspendre un moment l'étonnante rapidité des évènements en cours et regarder comment l'espace a été et demeure un endroit pris entre compétition et coopération, intérêts stratégiques et économiques. Ce moment de réflexion permet de prendre la mesure de ce qui se joue actuellement et de comprendre ce que les Etats peuvent accomplir dans le futur. Car, tout en restant symboliquement spéciale, cette nouvelle course, avec ses espoirs et ses échecs, reflète les tensions terrestres actuelles.
Suivons alors l'auteur à travers ce sujet original et levons les yeux vers les étoiles.