Herman Melvill n'a rien à voir avec Herman Melville, lui, son truc, c'est de lire, pas d'écrire. Et de fait, il travaille à la prestigieuse NYPL, la plus grande bibliothèque publique de New York. Herman Melvill est un homme qu'on pourrait qualifier d'obsessionnel. Obsédé, et par le poète Malcolm Lowry, et par son presque homonyme Herman Melville qui le hante jour après jour, entre blagues de mauvais goût envoyées par ses collègues, et les biographies qu'il lit et relit avec acharnement. Obsédé par l'architecte Lebbeus Woods, et son style tout à fait singulier. Mais s'il y a bien une chose qui occupe en permanence l'esprit de notre protagoniste, c'est le mot "publique" dans "Bibliothèque publique de New York" : il a un projet en tête, depuis longtemps déjà, celui d'une bibliothèque idéale, fermée pour tout le monde et pour toujours. Au revoir les visiteurs, les étudiants, les touristes. Un espace clos, influencé par Melville, Lowry et Woods, le projet ultime et insensé de notre bon Herman.
Ce petit livre nous offre alors le flux incessant de pensées du bibliothécaire qui erre dans un New York brumeux, à la frontière du réel. Passion débordante et paranoïa, crises de nerfs et de panique, rêves, cauchemars et hallucinations rythment les journées du personnage, et façonnent un New York ubuesque.
Laszlo Krasznahorkai nous offre une fois de plus, un livre d'une imagination et d'une qualité littéraire débordantes. Un petit livre, d'une densité folle, qui procure un plaisir de lecture indescriptible, à travers les divagations permanentes de Herman Melvill.