Une nouvelle approche de la scénographie, qui intègre la généalogie du terme, son itinéraire historique ainsi que l'analyse d'un corpus et d'applications spécifiques comme les marionnettes ou les expositions. L'auteure définit la scénographie telle une création, alliant mise en situation, maniement de représentations, de scènes, d'images et d'imaginaires, dépassant ainsi la simple idée d'espace. ©Electre 2025

Depuis la fin des années 1960, la scénographie suscite un intérêt croissant, surtout au théâtre mais aussi dans les autres arts, l'exposition, l'événementiel ou encore dans les meetings politiques, la littérature, le marketing... En France, le nombre de thèses touchant au sujet a considérablement augmenté depuis 1985, pour atteindre le chiffre de 243 en mars 2021. Or, sa définition reste pour le moins floue et suscite des débats forts, surtout quant à sa dépendance au théâtre et sa qualité d'espace. Il semble alors utile de proposer une nouvelle approche scientifique de la scénographie contemporaine qui pourrait servir de matériau commun aux théoriciens comme aux praticiens ou aux étudiants.

La présente recherche relie l'élaboration d'une théorie systémique de la scénographie avec la généalogie du terme et son itinéraire historique revisité depuis la Grèce antique. Elle intègre aussi, comme cas d'expérimentation de la théorie, l'analyse d'un corpus particulier qui retrace le mouvement de « dé-représentation » du Courant 0 au XX^e siècle (démarche commune à plusieurs formes artistiques). Une expérimentation « en laboratoire » analyse une production pratique pour complément. Cette recherche termine son parcours par l'observation de capacités particulières (attribution d'intégrité, séduction et médiation) à travers l'étude d'applications spécifiques : marionnette, marketing et exposition.

Avec la récurrence de la notion de représentation, cette nouvelle approche de la scénographie dépasse l'idée d'espace pour se définir comme création, mise en situation et maniement de représentations, de scènes, d'images et d'imaginaires à des fins de production d'expériences émotionnelles et de systèmes de sens. Proche d'une notion d'atmosphère, la théorie repose sur une gradation du rapport entre image, usage, support et expérience, structurant ainsi une idée de rapport entre les choses et leur perception. La scénographie se pose alors comme médiation en conditionnant la relation de l'humain au monde - de par son rapport et sa représentation - à travers le sens et l'émotion.