Les actes d'un colloque tenu en 2023 à Poitiers, dans lesquels les contributeurs étudient l'expérience corporelle dans les cours d'éducation physique et sportive. Ils évoquent notamment les enjeux et les finalités de l'école, les contenus de l'enseignement ou les évaluations. ©Electre 2025

L'expérience corporelle : un concept intégrateur au service de l'éducation de l'élève en EPS

Le thème de l'expérience corporelle a été choisi pour indiquer notre volonté de ne pas réduire le contenu de l'EPS à une suite d'apprentissages de techniques sportives, ni de le considérer seulement comme un prétexte à des apprentissages transversaux communs aux autres disciplines scolaires. L'expérience corporelle, parce qu'elle renvoie à l'intégration de l'action motrice, consciente ou non, peut faire l'objet d'un travail de la profession pour poser les conditions favorables à la connaissance de soi par l'action. Ce choix postule que le développement personnel résultant de l'activité motrice pose les bases d'une habitude de pratique physique positive et durable.

Employée au singulier ou au pluriel, l'expression fait souvent référence à des situations vécues corporellement, considérées comme typiques de la culture des pratiques physiques et qui sont l'occasion, pour l'élève, de mobiliser ses ressources en relation avec le monde physique ou avec les autres, et aussi de mieux se connaître.

L'expérience, c'est aussi le résultat de cette mise à l'épreuve, à savoir des ressentis, des connaissances, des compétences spécifiques et transversales construits au cours de celle-ci. L'élève n'est pas vierge de toute expérience corporelle lorsqu'il arrive en cours d'EPS. En tant que traces, l'expérience corporelle pèse donc nécessairement sur sa façon d'agir et d'interagir dans des situations qui engagent son corps. Ainsi, elle engage le sujet dans sa totalité et dans la durée. Les comportements moteurs observables sont en fait le reflet de valeurs, d'émotions, de significations, de préoccupations, de mobiles, élaborés antérieurement et qui agissent souvent à son insu.

Parce qu'elle est subjectivement éprouvée, toute expérience corporelle est singulière. Elle s'accompagne d'affects, de ressentis, de connaissances sur soi et sur le résultat de ses actions ; l'ensemble de ces éléments n'étant pas automatiquement accessibles. Des outils sont nécessaires et utiles pour que l'élève puisse accéder au contenu de son expérience corporelle, et faciliter son engagement dans l'action. Cette orientation convoque un autre type d'expérience corporelle, plus méthodologique cette fois, qui consiste à tirer les leçons de son action pour la transformer ou en engager d'autres.

Au regard des différents sens évoqués, quels rapports l'enseignant d'EPS entretient-il avec ce concept dans son enseignement, avec des objectifs à poursuivre et différents types d'attendus de fin de scolarité à atteindre ? De plus, si l'expérience corporelle est de l'ordre du vécu subjectif donc de l'intime, comment peut-il la prendre en compte pour chacun et la transformer en moyen, voire en méthode d'apprentissage et d'éducation ?

Les contributions proposées lors de l'évènement ainsi que les conférences ont apporté des éléments de réponses réflexives et professionnelles selon quatre axes :

1. Expérience corporelle, enjeux et finalités de l'école
2. Expérience corporelle et interprétation des conduites motrices
3. Expérience corporelle, contenus d'enseignement et progrès moteurs
4. Expérience corporelle et évaluation

Ce recueil d'expériences professionnelles représente une nouvelle fois une source importante pour tous les acteurs engagés dans l'enseignement d'EPS et leurs formateurs.