De Jules Jouy à Léo Ferré en passant par Nicolas Peyrac, Guy Béart, Raymond Queneau, Robert Desnos, Paul Eluard, Charles Trenet, Mistinguett, Tristan Tzara, Jean Cocteau, Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars, Paul Fort ou Théodore de Banville, une anthologie de textes poétiques et de chansons sur le thème de la tour Eiffel. ©Electre 2025

Cette anthologie des textes poétiques et des paroles mises en musique sur le thème de la Tour Eiffel, est parlante. Elle parle par les mots, par les notes et par les images réunies.

C'est comme si la Tour était en mouvement. Elle est fixe et volante, ferme et légère, en fer et en air, sous la direction du génie qui l'a projetée - Gustave Eiffel, l'a ardemment désirée, l'a réalisée, d'après un chrono-programme qui est un modèle, entre idée, projet, réalisation et fruition.

Ce sont les poètes, les paroliers et les musiciens qui vont sauver la Tour Eiffel !

La Tour Eiffel est une « guitare du ciel », un « télescope ou clairon », « un encrier de miel », où la « télégraphie sans fil / Attire les mots / Comme un rosier les abeilles », sur l'onde d'un « vent électrique » (Vicente Huidobro).

Dans cette anthologie, on repère six thèmes principaux : l'ascension au ciel, l'éloge de la science, le nationalisme-patriotisme, l'amour, le travail, le paysage parisien.

Le désir de l'être humain de conquérir le ciel est vieux comme le monde. La mythologie en porte la marque profonde. Le ciel est simultanément à portée de main et impossible à rejoindre.

Poètes, musiciens et paroliers sont prophétiques. Ils regardent en avant. En faisant l'éloge de l'art du fer, ils annoncent le choix sublime de quelques artistes de s'inspirer de la Tour Eiffel pour leurs oeuvres picturales, notamment Robert Delaunay, qui en fait le rêve principal de ses recherches en couleurs.

Les chansons et les poèmes, dont la plupart sont ici recueillis, jouent un rôle crucial, pour la garder en vie, contre le projet initial de la démolir et contre toutes les polémiques heureusement depuis longtemps disparues.

La Tour Eiffel est devenue à l'étranger comme l'image elle-même de la France : travail, démocratie, progrès, ascension, amour, paysage du rêve, esprit national.

Pour bien vivre, il faut s'élever et rêver, si possible de l'impossible. La Tour Eiffel est de fait le rêve impossible réalisé.

Poètes, paroliers et musiciens nous prouvent que l'être humain nécessite l'espace de la lumière du rêve.

La Tour Eiffel devient un emblème, un drapeau national, de la masse et de l'individu.

Les auteurs présents dans cette anthologie ont tout compris. Leurs éloges dithyrambiques sont des phares sur l'histoire qui viendra.

Concurrence

Mille milliers de rimes
S'éparpillent, sublimes,
En un glorieux chant ;
Et se penchant

Vers les grands téléphones,
Hurlent des Tisiphones
Et parlent en mots fins
Les Séraphins.

Dans la nue électrique,
Dieu, puissamment lyrique,
Lutte avec Edison
À sa façon ;

Et de ses mains profondes,
L'ingénieur des mondes
Construit dans le plein ciel
Sa Tour Eiffel !
9 Juillet 1889
Théodore de Banville