Un coup de coeur de Isabelle P.
En débutant son livre par la “mésaventure” de l’explorateur James Cook qui découvrit l’archipel en 1778, y fut accueilli avec tous les honneurs par les indigènes puis tué par ces derniers quelques mois après, Pascal Marichalar nous plonge dans l’histoire de ces îles. De l’annexion de l’archipel au développement touristique par les Américains sans oublier l’exploitation effrénée de la canne à sucre, on assiste en moins de trois siècles à une brutalisation de la population et de sa culture.
Si cette mécanique de la violence et de l’acculturation est une constante de la colonisation, le rôle des sciences a été beaucoup moins étudié. Observer le ciel, tenter d’y percer les secrets de ses origines mais aussi de son futur, quoi de plus beau, de plus humain, de plus universel ? Au point que cette noble cause ne souffre aucune objection. Le projet de construction d’un 13ème observatoire et de son incroyable télescope au sommet du Manau Kea, montagne sacrée pour les hawaïens mais aussi l’un des promontoires privilégiés par les astronomes avec les sommets du Chili, s'impose comme une nécessité. Mais c’est sans compter certains obstacles dont l’un prendra l’aspect d’un petit passereau inoffensif mais tout à fait symbolique : le Palila, espèce endémique du volcan.
Ce livre est un pur régal de lecture car il n’est pas à proprement parler un ouvrage de sociologie, ni d’histoire, ni d’anthropologie, ni de sciences : il est tout cela à la fois. Ce “carnet de voyage” nous rappelle que la colonisation est moins un fait historique qu’un processus toujours à l’œuvre. A ne pas y prendre garde, nous pouvons risquer d’y contribuer.