Un coup de coeur de Anthony G.
Cette histoire, aussi incroyable que vraie, aussi méconnue qu’ancrée dans la grande Histoire, est celle du rêve fou partagé par le sculpteur Hendrik Andersen, la dramaturge Olivia Cushing et l’architecte Ernest Hébrard. Leurs désirs idéalistes s’inscrivent alors dans le contexte de la Belle Époque qui, en dépit du grand récit faisant de cette dernière une période d’avant guerre permanente, fut aussi le moment des grandes idées pacifistes et internationalistes et d’un certain spiritualisme. D’où le succès et les soutiens obtenus, de Rodin à Camille Flammarion en passant par Albert Ier et quelques prix Nobel de la paix, par cette utopie pourtant aussi fantasque idéologiquement que démesurée architecturalement.
Derrière les grandes idées de progrès de l’Humanité, de mise en commun et de libéralisme religieux, se joue aussi quelque chose de plus prosaïque et intemporel : l’aventure humaine, l’amour. Car il semblerait que ce soit surtout cela qui animait Hendrik et Olivia, le couple à l’origine de cette cité idéale. Finalement, cette volonté de veiller au perfectionnement moral de l’humanité et de figer cette dernière dans un printemps éternel avait comme moteur un rapport romantique au monde ; un désir de dévotion à l’art, à la quête d’éternité. Sans doute est-ce cela qui rend ces personnages, pourtant un brin mégalomanes et pathétiques, beaux et attachants.
« Que des hommes aient pu, pendant des années, penser à la possibilité de créer une Cité internationale, belle de toutes les splendeurs de l’Art et de l’Architecture et qu’il y aient consacré toute leur force intellectuelle et tout leur temps, ce fait doit être pris en considération. »