Un coup de coeur de Anthony G.
Engagé dans un tunnel fictionnel, le spectateur est comme conforté dans l'inertie collective. En arrivant sur Netflix, en faisant face à l'offre pléthorique, c'est un vaste monde des possibles qui se présente à nous. Mais c'est là tout le paradoxe et le rôle quelque peu retors de la série que de nous bercer de l'illusion que tout est possible dans un monde où, en réalité, rien n'est possible... « Nous voilà donc devenus les spectateurs impuissants d'un processus historique qui nous conduit à notre autodestruction (...) C'est cela, la société du spectacle. » Et c'est en cela que les modèles narratifs structurent notre pensée et séquencent notre rapport au temps ; offrant par là-même un parfait antidote au chaos ambiant et à la dépression.
« Or, que préférez-vous ? Barboter en société avec des brassards Pat' Patrouille, ou apprendre à nager ? »
Sans snobisme ni complaisance et en s'appuyant sur Arendt, Anders ou encore Debord, Bertrand Cochard livre donc une critique philosophique sans concession des séries télévisées et de la place que celles-ci occupent dans nos vies. En véritable poil à gratter, le jeune philosophe offre matière à penser ; y compris pour celles et ceux qui seraient fans de Game of Thrones ou des Sopranos.