Un coup de coeur de Libraires
Le jeune homme vit dans un quartier populaire, tente de se faire une place de “petite frappe” parmi les jeunes qui voient dans la petite délinquance des faits de bravoure. Mais Gérald Bronner n’a ni le physique ni la conviction intime de faire partie de ce milieu. Il en faudra de peu d’ailleurs que son destin ne soit scellé par un casier judiciaire. Grâce, bien plus qu’à cause d’un oncle claustré entre les étagères de livres de son appartement, le jeune homme va plonger avec ses amis proches dans un tourbillon de signes, de prophéties répondant à une forme de logique dans laquelle les “symboles s’emboîtaient dans le réel comme les pièces d’un puzzle complexe". Le C.E.R.F (Chercheurs En Réalisme Fantastique) naît et va jusqu’à regrouper plus d’une soixantaine de personnes autour de Gérald Bronner et deux autres de ses amis.
L’histoire de Gérald Bronner est celle d’un transclasse qui doit aux études, à l'acquisition de savoirs mais aussi à une bonne dose de chance d’être parvenu à accéder à une classe sociale plus aisée. Cette ascension, qu'il associe à un désenvoûtement, prend la forme d'une émancipation, certaines de ses anciennes connaissances allant même jusqu'à se sentir trahi. Bronner passe de l'ésotérisme à la sociologie. Devenir un autre et "laisser advenir celui qui est en train d'écrire ses lignes" représente alors une douleur, mais n'est-ce pas le passage obligé de tous transfuges ?
Finalement, l'essai autobiographique de Gérald Bronner est de la trempe de ceux avec lesquels on entre en dialogue. Il nous pousse à réfléchir à nos propres croyances. On comprend alors que le besoin de croire est universel. Seules diffèrent les mythologies à disposition, soumises aux tendances et à l'ère du temps.
Il nous laisse avec une question : pourquoi croyons-nous en ce que nous croyons ?