L'auteur, qui vit depuis plusieurs années en Chine, livre sa vision du pays, à rebours des idées reçues. De l'arrière-pays du Shandong au village de Zhang Guying, il explore les régions reculées et montre comment la société chinoise ne cesse de se réinventer. Pour illustrer ses propos, il s'appuie notamment sur des travaux de sinologues, d'anthropologues et d'historiens. ©Electre 2025

Ces « Mémoires d'un ethnologue » ont le projet de dissiper l'ignorance très générale du monde occidental vis-à-vis de la culture chinoise et de ses racines taoïstes. Fort de son immersion dans la société chinoise depuis près de cinquante ans, Patrice Fava a parcouru la Chine et fait de nombreuses découvertes dans des régions peu visitées. De l'arrière-pays du Shandong où vit sa famille chinoise aux forteresses Hakka du Fujian ; du village de Zhang Guying à la montagne de l'immortel Ge ; du temple des Nuages blancs au pèlerinage de Miaofengshan, il parle d'une Chine que peu de gens connaissent.

Après l'ouverture des années 1980 qui a tenté de briser l'isolement dans lequel Mao avait enfermé son pays, la société tout entière n'a cessé de se réinventer. C'est cette Chine non officielle que l'auteur n'a cessé d'explorer au cours des années. Les multiples références aux travaux de sinologues, en particulier de Kristofer Schipper et de Simon Leys, mais aussi d'anthropologues et d'historiens comme Philippe Descola, Bruno Latour ou Marcel Gauchet lui permettent de donner un éclairage très nouveau aux réalités complexes de la société chinoise dont, en général, on ne perçoit ni la profondeur historique ni le substrat théorique.

Sinologue et anthropologue, Patrice Fava fait partie des savants qui ont le plus contribué, grâce à son expérience sur le terrain, à changer notre image de la Chine.

« Le privilège d'être devenu résident à Pékin a complètement changé mon rapport à la Chine et au temps. Au dicton en trois parties que j'entends souvent : regarder les fleurs du haut de son cheval, descendre de son cheval pour regarder les fleurs et fonder un foyer, j'avais maintenant franchi la troisième étape.

Il n'y a pas un seul étranger dans mon quartier de Fangzhuang. Les gens, c'est normal, me regardent avec insistance. Les arbres sont en fleurs, je marche sans but, d'abord du côté du grand marché de Yangguang, puis vers Shilihe. Après plusieurs heures, je rentre dans un petit restaurant du quartier de Jinsong où je vais m'empiffrer de raviolis à la farce de porc et de choux, avec pour commencer des légumes préservés du Sichuan qui accompagnent merveilleusement une bouteille de bière fraîche. Les raviolis sont servis avec un panier de gousses d'ail et quelques petites sauces. Je me dis : quel bonheur d'être en Chine. »