Un coup de coeur de Alexandre Delacotte
On pourrait analyser son oeuvre à travers une lecture féministe mais cette approche serait réductrice. Cependant, "les "non-sujets" que sont les courses, le ménage, la cuisine, la garde des enfants, traditionnellement peu dignes d'être photographiés, intéressent alors plusieurs autrices qui leur donnent une nouvelle visibilité et témoignent des expériences privées de bien des femmes."
Les années 1970 sont un tournant pour la photographie française puisque l'on voit à cette période la photographie s'affranchir de sa fonction exclusivement utilitaire. Claude Batho a façonné une œuvre intime et personnelle qui "dévoile le charme des choses simples et de la vie domestique". "Elle nous fait palper l'impalpable, ces moments fragiles par leur fugacité autant qu'éternels par leur répétition." Son acte photographique semble de manière très émouvante saisir ce qui bientôt ne lui appartiendra plus, ses deux filles, sa famille, sa maison et leurs objets. Les photographies de ce livre sont mises en page de manière chronologique. Nous voyons alors une ambiguïté de plus en plus présente qui oscille entre tendresse et terreur. "Ses photographies sont des cris silencieux."
Il faut ajouter que Claude Batho développait et tirait ses images elle-même. Elle n'aura pas vu les dernières images qu'elle a capturées et la dernière photographie de ce livre est le résultat de son dernier déclenchement.
Isabelle Nori et Coline Olsina ont effectué la conception graphique et la mise en page de ces "instants très simples", Coline Olsina a également écrit le texte.
"Mes photographies sont à la fois une conversation intérieure et le partage d'une émotion avec les autres. Elles doivent autant à l'intuition qu'à la réflexion. Ce sont des contradictions que l'expression photographique assume. J'aime révéler le temps qui passe sur les êtres, sur les choses ; je cherche à rendre sensible des instants très simples à en prolonger les silences." Claude Batho