Un coup de coeur de Isabelle P.
A cette question, Pierre Desproges répondait en son temps oui, mais pas avec n’importe qui lors de l’un des plus mythiques Tribunal des flagrants délires en 1982.
La philosophe Olivia Gazalé se pose elle aussi la question du paradoxe de ce rire qui peut nous faire grincer des dents sans même nous faire sourire. Comment donc dissocier le rire franc du rire qui agresse, qui blesse. Comment tout à la fois garantir le caractère transgressif du rire et retoquer les sarcasmes. Comment démasquer l’humiliation et la discrimination sous la plaisanterie soit disante anodine.
Pour éviter ces pièges, Olivia Gazalé analyse méthodiquement le rire sous toutes ses coutures (physique, anthropologique,..) mais surtout dans ses fonctions car le rire est éminemment social: chaque époque définit ce dont on peut rire et ce qui est proscrit.
Le rire apparaît alors comme une arme à double tranchant qui peut tout à la fois nous permettre de dépasser nos peurs, transgresser les règles, s’émanciper mais aussi stigmatiser, contrôler, exclure, humilier.
Dans cet essai limpide, Olivia Gazalé s’en réfère au fameux sens de l’humour anglo-saxon pour définir une véritable éthique du rire grâce à un pacte humoristique répondant à quatre critères: qui, avec qui, quand et dans quel état d'esprit; quatre conditions qui permettent de préserver ce que le rire a de plus joyeux et de plus humain; quatre garde fous qui autorisent le jeu, l’audace, la licence, l’irrespect sans contrevenir au respect dû à l’autre.
Alors, peut-on rire de tout? Oui certainement, nous répond Olivia Gazalé, mais avec humour.