Présentation des grands épisodes de peste et de leurs conséquences sur la société, notamment dans le domaine médical. ©Electre 2025

Ce travail d'historien réalisé par un praticien clinique, le professeur Bertrand Becq-Giraudon, ancien chef du service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Poitiers, montre toute la difficulté de cerner les éléments constitutifs d'une pandémie.

Aujourd'hui, où réseaux sociaux et médias plus conventionnels ne cachent pas leur ambition d'exercer un contre-pouvoir, celui-ci plus ou moins fascisant, plus ou moins pervers au sens profondément lacanien « d'aller vers le père », confère au travail du professeur Bertrand Becq-Giraudon une distanciation salutaire avec des événements dont le déroulement dans des temps lointains est si proche de celui que nous connaissons aujourd'hui.

La vie comme « santé », telle que l'entendait Georges Canguilhem (1904-1995), est moins le résultat d'un processus que le succès d'une tentative. Cette tentative, mise à mal par un virus, élément du vivant indomptable, nous pose plus de questions qu'elle ne présente de faits certains. Ce doute, pourtant familier au monde de la recherche scientifique, semble faire perdre leur réserve aux chercheurs les plus aguerris, leur pertinence aux commentateurs les plus incisifs, leur superbe aux politiques les plus convaincants, la clairvoyance aux sages les plus prudents, et enfin leur cohérence aux fonctionnaires les plus capés.

Alors dans cette étude, nous pouvons, comme simple citoyen, y trouver un terreau conceptuel qui nous permet d'alimenter une réflexion personnelle. Ici, la pertinence n'est pas troublée par l'impertinence, voire la trivialité d'un chiffre journalier de morts, dont il faudra bien un jour expliquer au plus grand nombre l'utilité d'un tel parti pris. Présenter un élément arithmétique choisi pour un rendez-vous « météo sanitaire » devenu l'ordinaire du jour n'est pas innocent... À qui profite la confusion des genres et quels en sont les auteurs ?

Ce livre ne donne pas de réponses à ces interrogations, mais en suscite d'autres ; elles aideront, nous le pensons, à mieux supporter les affres d'une pandémie, dont certains profitent insidieusement pour inoculer dans les esprits un élixir à base d'ignorance et de crainte qui tue l'intelligence et nourrit la superstition.