Spécialiste des recherches démographiques, l'auteure a recueilli le témoignage d'une de ses élèves, Régine, une Tutsi rwandaise. Cette dernière était réfugiée au Burundi pendant le génocide, avant de retourner à Kigali puis de s'installer en Suisse. A travers ses propos retranscrits, l'auteure dévoile les conséquences des discriminations subies et des massacres sur l'itinéraire d'une famille. ©Electre 2025

Les hasards de la vie ont fait que Régine, une Rwandaise qui a refait sa vie en Suisse, n'était pas dans son pays, le 8 avril 1994, lorsque la furie du génocide a décimé sa famille. Un quart de siècle après ces horreurs, elle a souhaité raconter son histoire. Avec ses propres mots, elle partage l'image qu'elle a, aujourd'hui, des petits et grands événements, des horreurs et des bonheurs, qui ont jalonné son parcours chaotique. Comme le dit Ha2feld (2007, p.206), en faisant acte de mémoire elle « réintroduit [les morts] dans l'histoire ». Par ce témoignage, elle veut aussi que ses proches, en particulier ses enfants, sachent qu'elle n'a pas seulement vécu dans le malheur, comme le symbolise cet arbre qui reverdit - dessin de couverture réalisé par Yves G. Reymond - avant, pendant et après le génocide. L'histoire de Régine exprime la force de la vie, malgré tout, la vie qui continue malgré les coups du destin, petits et grands. On chemine donc avec elle à travers une enfance heureuse dans une société qui se fissure, une jeunesse marquée par les discriminations contre les Tutsi, le drame vécu à distance, le retour à Kigali juste après le génocide dans une société dévastée ayant perdu ses repères, puis un parcours chaotique avant de construire une nouvelle vie. Ce témoignage nous interroge sur comment la vie peut continuer après un tel drame et le livre se termine par quelques réflexions qui s'articulent autour de deux notions qui apparaissent essentielles : la résilience, décrite par Stefan Vanistendael comme une « espérance réaliste », et celle des racines identitaires.