Des contributions pluridisciplinaires consacrées à l'usage de listes dans l'Antiquité gréco-romaine. Présentes sur une diversité de supports, elles composent une manière de concevoir et de structurer le monde. Avec pour exemples des catalogues épiques d'animaux chez Ovide, des séries de vices et de vertus chez Aristote ou encore des inventaires agronomiques. ©Electre 2025

Penser en listes dans les mondes grec et romain

Le thème de la liste fait l'objet depuis quelques années d'une attention croissante dans le champ universitaire, pour des périodes extrêmement diverses, au point qu'il apparaît comme une forme universelle de structuration du discours, ou au moins un motif transculturel. Les articles réunis dans ce volume proposent à la discussion l'hypothèse que la forme liste, très fréquente dans l'Antiquité et présente sur une grande variété de supports, à la fois exprime et construit une façon antique de comprendre le monde. Dans un dialogue pluridisciplinaire (littérature, histoire, archéologie, géographie...), les dix-sept contributions réunies dans ce volume sont autant d'invitations à adopter ce point de vue épistémique, et à penser la liste comme une forme-savoir dont la valeur tient, plus que dans l'accumulation des données, dans la combinaison signifiante et la mise en parcours de celles-ci.

La première partie de l'ouvrage, Cohérence et incohérences de la liste, s'intéresse notamment, à partir de corpus distincts, aux « déclencheurs interprétatifs », ces items intrus qui, en s'écartant ou en paraissant s'écarter du programme de la liste, arrêtent la lecture, étonnent et suscitent la recherche d'une explication, d'un sens second ou d'une intention cachée. Les articles de la deuxième partie, Choisir d'énumérer, mettent en relief la multiplicité des fonctions que peut endosser simultanément une liste, en mettant à distance une conception asséchante de ce format, trop souvent perçu comme simple, voire archaïque, ou purement comptable - ce à travers des exemples divers : liste grammaticale chez Donat, liste de vices et de vertus chez Aristote, catalogues épiques d'animaux chez Ovide et Lucain, liste des tortures chez Ovide, inventaire agronomique. Dans la dernière partie du volume, Ce que le lecteur fait à la liste, l'accent est mis sur les dynamiques de création et de réception de la liste, et sur le rôle du lecteur/auditeur dans ce parcours interprétatif qu'implique la lecture d'une forme énumérative.

Sans redire l'inépuisable richesse des listes et leur infinie variété, il s'agit d'inviter les lecteurs à expérimenter, sur d'autres corpus et dans d'autres contextes, pour les affiner ou en faire la critique, les pistes d'analyse esquissées dans ce volume.