Ce texte érotique, signé d'un pseudonyme non encore élucidé, date de 1907. Le titre, assez cru, n'a pas été remplacé par ce qui en est extrait, cri de jouissance et de rage qui traverse le siècle, tout aussi pur que lorsqu'il a été proféré. L'édition reproduit intégralement l'original publié chez la Société des Bibliophiles. ©Electre 2025

«Ce volume, des plus intéressants, a sa place dans toutes les bibliothèques : l'instituteur le donnera en prix à ses jeunes élèves ; le curé en fera sa récompense du catéchisme de première communion.

Adolescents, hommes mûrs, pères de famille, célibataires endurcis, vieillards verts encore ou déjà un tantinet rachitiques, lisez-moi ça, faites-en votre livre de chevet, et vous m'en écrirez de voluptueuses nouvelles.

Soldats, tourlourous de toutes armes et de tous grades, empoignez-moi ça aussi. Je puis d'ailleurs me recommander auprès de vous de plus d'un patronage militaire.

Ce volume, d'autres le suivront dans la carrière, quand l'aîné s'y promènera encore pour faire des heureux ; je l'ai signé P.-D. Rast. Ça ne vous dit point mon nom patronymique, ni familial. Peu importe en l'occurrence, pourvu qu'en le lisant vous éprouviez quelques-unes des frénétiques émotions qui, tant de fois, m'anéantirent en l'écrivant !... pourvu que vous soyez à même d'essuyer comme si souvent j'ai dû le faire, du revers de votre chemise, les larmes de volupté que ça arrachera infailliblement à votre petit frère ! Car je suppose bien que, comme moi, vous avez un sensible petit frère.»

P.-D. Rast

Ce texte érotique, signé P.-D. Rast, un pseudonyme non encore élucidé, mais ô combien explicite, date de 1907. P.-D. Rast, sait s'effacer pour décrire ce qu'on pourrait désigner vulgairement comme la vie sexuelle du prolétariat des campagnes. Le narrateur n'est pas visiblement de leur bord. Il dispose d'une chambre à coucher et boit du champagne. Mais s'il raconte ses aventures avec Albert, c'est pour nous le présenter. Ensuite, c'est Albert qui raconte, puis Thomas. Que racontent-ils : qu'on aime les femmes, mais qu'on a du plaisir avec les hommes.

Patrick Cardon