Le récit romancé de la vie d'Eugène B. écrit par son gendre. Issu de la bourgeoisie, il se marie avec la fille d'un douanier malgré la réprobation de son père. Il est enrôlé dans l'armée allemande en 1942, combat sur le front de l'Est et meurt sous l'uniforme allemand. ©Electre 2025

Un livre unique à mi-chemin entre témoignage posthume et roman historique

« Tout a été anéanti ; nous avons subi de lourdes pertes. C'est un miracle que je figure au nombre des vivants », écrit, depuis le Front de l'Est, Eugène B. à son épouse Margrit. Pour ne pas l'inquiéter, ses missives étaient jusque-là plus équivoques sur l'horreur et la réalité des combats. Aurait-il déjà compris que la mort le guette ? Qu'elle va le rattraper quelques semaines plus tard ?

1942: à l'instar de 100 000 autres Alsaciens, ce trentenaire est enrôlé de force dans l'armée nazie. Lui, qui a servi dans l'aviation française, se retrouve malgré lui à lutter contre les troupes de Staline au nom de l'idéologie barbare d'Adolf Hitler qu'il exècre. Victime collatérale de l'annexion de l'Alsace par le III^e Reich en 1940, ce « nouvel Allemand est avant tout un ancien Français ».

Avec quelques compatriotes alsaciens, il rêve de déserter le régiment SS dans lequel il sert de force et cherche à regagner sa ville de Saint-Louis, où l'attendent sa femme et leurs trois enfants. Fonder cette famille qu'il chérit tant, n'a pas été chose facile. Son bourgeois de père, patron d'une biscuiterie renommée, ne voyait pas d'un bon oeil son union avec une fille de douanier. Certes, les moeurs se sont libérées dans l'entre-deux-guerres, mais les convenances sociales ont la dent dure. Eugène en pâtit. Pour nourrir les siens, il multiplie les petits boulots. Margrit et lui s'aiment. Alors que le Front populaire rencontre ses premières déconvenues dans la France de l'intérieur et que le national-socialisme séduit les foules outre-Rhin, leur existence est dure, mais belle. Elle sera bientôt brisée par la Seconde Guerre mondiale.

Le parcours d'Eugène reflète à lui seul l'histoire mouvementée de l'Alsace durant la première moitié du vingtième siècle. Décédé sous l'uniforme allemand, mais reconnu depuis « Mort pour la France », le Haut-Rhinois n'a pas eu l'occasion d'écrire le livre de sa vie. Afin de lui rendre hommage, Daniel Chevrolet, son gendre qu'il n'a jamais connu, a exhumé les lettres qu'il envoyait à son épouse depuis la Russie et interrogé les souvenirs de ses proches. Dans un souci de vérité, il a également parcouru les bibliothèques pour se documenter sur les événements de l'époque. De ce travail de mémoire, de recherche et de fiction aussi, est né un livre unique à mi-chemin entre le témoignage posthume et le roman historique.