L'auteur réhabilite A. Gobineau, diplomate et écrivain visionnaire qui démontre dans son Essai sur l'inégalité des races humaines comment naissent et meurent les civilisations. Comprenant avant tout le monde que les Occidentaux subiront tôt ou tard les conséquences de leurs multiples interventions en Orient, il est aussi un philosophe qui a voulu replacer l'homme au centre de la nature. ©Electre 2025

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Au moment où l'Europe doit absorber des flux migratoires d'une puissance jamais atteinte, où le Moyen-Orient se trouve une nouvelle fois secoué par des guerres et des révolutions aux répercussions tragiques, ensanglantant notre sol, où la France connaît la pire crise identitaire de son histoire, une lecture, une relecture de l'oeuvre d'Arthur de Gobineau (1816-1882) s'imposent.

Ce grand écrivain, l'un des plus doués de sa génération, a pressenti, il y a cent cinquante ans, l'essentiel de ce qui nourrit aujourd'hui nos angoisses. Il démontre, dans son célèbre Essai sur l'inégalité des races humaines, comment naissent et meurent les civilisations. C'est au cours de ses missions diplomatiques en Orient qu'il comprend avant tout le monde que les Occidentaux subiront, tôt ou tard, les conséquences de leurs multiples interventions dans cette région du globe. Trois ans en Asie, Les Religions et les philosophies dans l'Asie centrale ou même Nouvelles asiatiques donnent toute la mesure de pareilles prémonitions.

Mais Gobineau est aussi ce philosophe qui, tout comme Nietzsche, a voulu replacer l'Homme au centre de la Nature, niant qu'il puisse s'en affranchir, lui ôtant tout espoir d'une divinisation par lui-même, tentation permanente du progressisme. Partisan de la Province contre l'État centralisateur, il croit également au lien biologique qui unit les générations et les détermine.

Jacques Bressler a relu l'oeuvre de Gobineau. Il en livre, dans ces pages, un commentaire impressionnant, précis et raisonné. Soulignant la modernité de l'auteur des Pléiades, il montre avec éclat combien celle-ci triomphe sans peine des jugements trop hâtifs prononcés contre lui.