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Préfacier : Pantxika Béguerie-De Paepe
Écrivain cité au panthéon des célébrités littéraires de la fin du XIXème siècle, Joris-Karl Huysmans fut également un critique d'art des plus avisés...
qui en parallèle à ses quelques ouvrages consacrés exclusivement aux arts (Trois Eglises, Trois primitif, L'Art Moderne, Certains), dédia nombre de ses lignes romanesques à l'architecture, la peinture, la sculpture, la gravure. Nulle surprise de lire dans ses romans symbolistes A rebours, La-bas, En route, La Cathédrale, L'oblat, des ekphrasis détaillées, parfois à la limite de la fiction tant l'auteur en livre une critique symboliste et subjective pour en nourrir les visions et propos de ses personnages, en use pour peindre les décors et ambiances souvent mystiques de ses lieux fictionnels. Dans son roman Là-bas, Durtal présente à son ami Hermies une œuvre d'art qui selon lui semble donner l'exemple de la perfection : la Crucifixion du musée de Kassel, d'un certain Matthias Grünewald (peintre allemand de la Renaissance, contemporain d'Albrecht Dürer), en y décelant le « prototype exaspéré de l'art ». Suite à sa visite du musée Unterlinden de Colmar, en 1904, Joris-Karl Huysmans donne une seconde description, plus exhaustive, du retable d'Issenheim. « Des générations, pèlerins atteints de daltonisme, sont passées devant le retable d’Issenheim de Matthias Grünewald – avant que Huysmans n’ait rendu compte de cette euphorie éblouissante des lumières qui composent l’arc-en-ciel » notera l'écrivain et critique allemand Walter Mehring.
C'est à ce texte de Huysmans, issu de son ouvrage Trois primitifs, que les éditions de la RMN-Grand Palais et du Musée d'Unterlinden nous convient sur 39 pages. Des pages devenues emblématiques d'une critique d'art fin-de-siècle, aussi passionnantes que déroutantes, d'une extrême rigueur descriptive et d'une langue maîtrisée, poétique, parfois excessive et que trop stabilotée en référence à ces littérateurs fin-de-siècle férus d'arts visuels : Barbey d'Aurevilly, Léon Bloy, Octave Mirbeau, Camille Lemonnier ou encore Jospéhin Péladan, Catulle Mendès, Gustave Kahn...