Un coup de coeur de David Pigeret
Jacques de Bascher mena une vie fastueuse, de dilettante, sans ambition, grâce aux largesses de Karl Lagerfeld qui le protégea jusqu'à sa mort. Il fut en quelle sorte la part maudite du grand couturier : une figure insaisissable ; habitué du 7, du Nuage, du Palace et de la Main bleue, boîte de nuit dans laquelle il organisa une fête mémorable intitulée Moratoire noir(e) le 24 octobre 1977 ; un «dandy de l'ombre» ; un provocateur cultivé et doté d'un humour ravageur; sadique et masochiste; grand consommateur de sexe, d'alcool et d'autres substances, odieux par moment mais surtout grand séducteur, « Jacques aurait pu vendre des rayures à un zèbre. Même une chaise aurait été charmée. Il se servait beaucoup de ses atours. Il était charmant et très charmeur, il pouvait mettre n'importe qui dans sa poche » (Christian Lvowski, p107).
Cette belle et émouvante biographie constituée à partir des témoignages des personnes qui l'ont côtoyé retrace les lignes d'une « vie faite œuvre » . Elle se révèle aussi un captivant portrait des nuits parisiennes avant les années Sida, d'une faune mondaine et cosmopolite où l'on croise Guy Cuevas (célèbre DJ), Andy Warhol, Antonio Lopez, la bande d'Yves Saint-Laurent (Pierre Bergé, Clara Saint, Thadée Klossowski de Rola, Betty Catroux, Loulou de la Falaise), Kenzo et bien d'autres connus et inconnus…