Animateur d'une rubrique littéraire au Finyear magazine, l'auteur propose ici un essai mêlant considérations littéraires, analyse de la chaîne du livre, constat du remplacement progressif du livre papier par le livre numérique et louanges de la lecture. ©Electre 2025

Fahrenheit 4.0

Fahrenheit 4.0 caractérise la fusion du monde virtuel et du monde réel. C'est également la « température » à laquelle le livre papier disparaît au profit du tout-numérique.

À partir du temps de lecture d'un livre sur une liseuse, les algorithmes prédisent la rentrée littéraire. Les entreprises de commerce électronique envoient désormais des livres avant même que nous les ayons commandés. Seule une politique de terre brûlée peut tuer dans l'oeuf cette révolution.

Aussi, je décide symboliquement de brûler les livres de ma bibliothèque, tous ces livres de « référence » qui bombent dans leur reliure. Mais comme chacun sait, au jour des Cendres débute le Carême, période de quarante jours qui se termine par la Passion et la Résurrection. Ce jour est marqué par une célébration au cours de laquelle je décide de chanter les louanges de la lecture sous toutes ses formes.

C'est l'objet de ce livre. Rien de plus normal : au commencement était le Verbe !

« Qu'est-ce qui justifie cet optimisme béat de tous ces lettrés versificateurs ? Sans doute l'interdiction de l'euthanasie poétique encourage l'acharnement thérapeutique. Conclusion, il faut cesser d'alimenter Houellebecq. Mais il est sons doute déjà trop tard, d'Ormesson est entré dans la Pléiade, et Beckett n'y est pas encore. »

« Un homme sur cinq fait semblant de lire en public pour attirer l'attention et un quart des hommes posent volontairement de façon visible le livre dont ils ont parlé pour attirer leurs conquêtes dans leur lit [...] À l'inverse, l'arrière d'un Kindle n'a vraiment rien de sexy ! Je vous conseille sans fausse pudeur la chronique familiale Ada ou l'ardeur de Nabokov, dans une version plus charnelle, en papier. »

« J'ai fait mes humanités en couchant avec la marquise de Merteuil et en fantasmant sur Ada de Nabokov. »