Réflexion sur l'évaluation des conséquences socio-économiques des mutations de la pratique médicale qui est liée à une demande accrue de soins et de techniques. Montre qu'il est nécessaire de revenir aux fondements de la médecine, qui combine à la fois l'observation, le raisonnement, l'expérience et la recherche d'efficacité. ©Electre 2025

Les deux dernières décennies ont vu apparaître de très profonds changements dans les sciences médicales, liés au développement de nombreuses techniques physiques, biochimiques et biologiques, issues des progrès accomplis dans les concepts et les applications des sciences expérimentales. Ces progrès, passés dans la pratique sous forme d'instrumentations élaborées et informatisées, se sont traduits par des modifications de l'exercice professionnel, à l'hôpital et en clientèle, conjointement aux modes d'appréhension et de compréhension globale des symptômes et des maladies sous-jacentes.

La démarche de réflexion entreprise par un groupe interdisciplinaire de l'Institut Fredrik R. Bull s'est donné pour tâche de remettre en débat sinon en cause, les modalités du raisonnement du praticien. Il est apparu aussi nécessaire, du fait même de l'amplification des coûts pour la société, d'évaluer les conséquences socio-économiques des mutations, liées à une demande accrue de soins et de techniques, pour des motifs qui ne sont pas seulement le fait des changements démographiques, notamment du vieillissement de la population.

En amont des progrès que permettent les techniques nouvelles, une approche «intégrative» des désordres survenant dans les fonctions physiologiques, leurs régulations et leurs modes de contrôle, reste à bâtir, à partir d'un raisonnement fondamental et théorique qui devra subir l'épreuve de la validation.

Il est nécessaire de considérer avant tout les fondements de la médecine, afin de mettre en valeur les principes essentiels de la démarche du clinicien, conjuguant à la fois observation, raisonnement, expérience et recherche d'efficacité. Mais faire reposer des techniques sous-tendues par une attitude d'investigation et de critique, donc par des gestes précis et conscients sur un socle le plus rationnel possible, n'est-ce pas là une exigence qu'Hippocrate, Claude Bernard et Pasteur auraient certainement formulée?

Cette exigence intellectuelle ne va-t-elle pas pour autant de pair avec un sens profond de la responsabilité que la formation du praticien doit à tout prix inclure au premier chef?