Réunit des contributions issues d'un colloque dédié à Herbert A. Simon. Replace l'ingénierie de l'interdisciplinarité dans son contexte historique, philosophique et épistémologique. Puis développe différents aspects de l'interdisciplinarité et de la complexité dans de nombreux domaines de réflexion et d'applications. ©Electre 2025

La société et la communauté des chercheurs partagent aujourd'hui un sentiment fort de vivre un moment de "révolution scientifique". L'accélération de la production des connaissances et des technologies, devenue explosive, remet en cause plusieurs fondements même de l'activité scientifique, au premier rang desquels la distinction entre recherche fondamentale et recherche appliquée, et le cloisonnement en disciplines distinctes. Les différents champs du savoir ne se développent plus "hors contexte" entre scientifiques, mais tissent des liens étroits avec les savoir-faire, les techniques et l'économie. S'ils s'intègrent mieux dans les exigences sociales, politiques et culturelles, ils incorporent les peurs et les doutes sur les résultats mal maîtrisés de sciences aujourd'hui désacralisées.

Nouvelles technologies et récents concepts, tels ceux de la société dite de l'information ou de l'économie de la connaissance suscitent de multiples questionnements qui avivent l'exigence d'une meilleure appréhension de la complexité de l'homme et du monde. Ainsi peut s'ouvrir par le dialogue un décloisonnement entre disciplines, permettant de retrouver des instruments de pensée reformulant les projets de recherches dans leurs interactions et leur complexité. Ce cheminement dans la pensée complexe, vers l'inter- et surtout la transdisciplinarité, s'avère long et difficile, parsemé d'obstacles. Il appelle "un nouvel esprit scientifique", celui des sciences d'Ingénium qui donnent leur nom à cette collection.

Dans ce dialogue sur "L'Ingénièrie de l'Interdisciplinarité", praticiens et chercheurs s'attachent ici à délibérer sur le renouvellement de leurs pratiques disciplinaires dans différents champs d'activité et de recherche. Des biologistes, physiciens, économistes, ou chefs d'entreprise échangent leurs réflexions, mêlées aux commentaires d'Edgar Morin et aux analyses de Gérard Mégie, président du CNRS. Ainsi se forme, pas à pas, ce nouvel esprit scientifique qui associe l'aventure de la connaissance à l'aventure humaine.