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Prix Lavinal - Printemps des lecteurs : c'est Léger

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Publié le 13/08/2009
L'Exposition de Nathalie Léger a été choisi par le jury du 3eme prix Lavinal - Printemps des lecteurs, par cinq voix contre quatre à L'Attente du soir, de Tatiana Arfel.
Ils ont voté. Auparavant, ils auront lu, pesé, soupesé, dîné et débattu, âprement, des mérites respectifs de leur favori. Puis les votes ont été comptés et, par cinq voix contre quatre à Tatiana Arfel, le nom de l'élu, une élue en l'occurrence, a été proclamé : Léger, Nathalie, pour son roman L'exposition, publié en novembre dernier par P.O.L.

Le jury, composé d'un représentant de chacun des partenaires – Michèle Faure de France 3 Aquitaine, Yves Harté du Journal Sud-Ouest, Marina Cazes du Village de Bages, Sylvie Barrier, de la Médiathèque de Mérignac – et de six lecteurs et auquel s'ajoutait un vote issu du dépouillement des bulletins de vote que vous fûtes nombreux à déposer dans les urnes de la librairie et du café Lavinal, s'est réuni hier soir devant la belle rocaille du Chapon Fin pour prendre la difficile décision de consacrer parmi les six romans sélectionnés (Tatiana Arfel  pour L'attente du soir chez José Corti, Stéphane Audeguy pour Nous autres chez Gallimard, Nathalie Léger pour L'Exposition chez P.O.L, Dominique Périchon pour Samedi soir et des poussières, Grégoire Polet pour Chucho chez Gallimard et enfin Marc Villemain pour Et que morts s'ensuivent au Seuil) celui dont l'auteur sera reçu au Village de Bages, en Médoc, pour y recevoir son prix.

Nathalie Léger, donc, pour L'Exposition, un bref récit d'un peu plus de cent cinquante pages qui a ému, passionné, dérangé et questionné nos lecteurs et jurés au point d'en faire le lauréat de ce prix Lavinal – Printemps des lecteurs. Il s'agit en l'espèce d'un texte dans lequel une narratrice, commissaire d'exposition, entreprend un curieux voyage intérieur et historique sur les traces d'une beauté du temps passé, La Castiglione, et des photographies d'elle qu'elle laissa par milliers. Considérée en son temps comme l'un des plus rares beautés au monde, maîtresse de Napoléon III, la comtesse de Castiglione avait une passion pour le portrait photographique, portrait d'elle même, bien sûr, qu'elle pratiquait assidûment en confiant son image aux sels d'argent des plaques de l'atelier Mayer & Pierson qu'elle fréquentait parfois plusieurs fois par semaine. De cette obsession pour la représentation de soi de cette icône, Nathalie Léger retient l'histoire qui fait défiler, d'image en image, le long récit d'un flétrissement attendu, d'une beauté qui peu à peu se dissipe comme aspirée par l'objectif de la chambre photographique et de ce qu'il en demeure aujourd'hui : la trace d'une époque, celle laissée par une femme dont l'éclatante beauté était le plus précieux capital et cette vaine tentative de cristallisation d'une image, vue comme une geste magique destiné à prévenir les effets du temps et de l'oubli. Car ce qui est à l'oeuvre ici, c'est le temps. Derrière l'obsession de la comtesse et son accumulation d'instants d'elle même capturés qu'elle pouvait ensuite contempler à loisir ou distribuer à ses admirateurs – Robert de Montesquiou possédait 434 clichés d'elle, se trouve une réflexion sur le pouvoir des femmes, sur ce capital qu'est leur image, sur le vieillissement et la perte, sur l'oubli.

Au fur et à mesure que se précise ce portrait de la Castiglione, qu'avancent les recherches de Nathalie Léger sur son sujet, se fait entendre un écho qui n'a plus rien à voir avec l'étude savante que mène l'auteur, qui, en dehors de ses travaux littéraires possède une solide formation de chercheuse et co-dirige l'Institut Mémoire de l'Edition Contemporaine (IMEC). Cet écho est celui que trouvent ces photographies dans la mémoire même de l'auteur, images d'une enfance sur le fil, de femmes trop belles, une en particulier qui faillit détruire le couple que formaient ses parents, la tristesse abandonnée de sa propre mère. Le Féminin, est la question que posent à la fois la comtesse, l'auteur et sa mère et, avec elles, toutes les femmes confrontées à l'image, la haine de soi et au narcissisme. De cette question essentielle, Nathalie Léger aurait pu faire un savant essai fermement campé sur ses références, elle a préféré, dans un geste sincère, offrir au lecteur une part d'elle même et en cela lui livrer le récit pudique d'une rencontre, un livre de ceux qui font la vraie littérature.

Tout cela se passait hier soir. Nous nous retrouverons au cours du mois de juin, au Café Lavinal à Bages pour recevoir Nathalie Léger et son éditeur en compagnie des membres du jury, des partenaires ainsi que de nombreux lecteurs qui ont élu ce beau texte. Ne vous inquiétez pas, vous aurez bientôt de ses nouvelles...